La dette écologique
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La dette écologique, dont la dette climatique fait partie peut être définie comme la dette accumulée par les pays industrialisés sur les peuples du sud par le pillage des ressources, les dommages environnementaux et l’utilisation de l’espace environnemental pour y entreposer les déchets comme les gaz à effets de serre.

C’est lors du sommet de la terre à Rio en 1992, qu’une ONG chilienne, l’institut pour une Economie Politique (IEP) a présenté la notion de dette écologique dans le contexte de la grave diminution de la couche d’ozone. Depuis plusieurs années, les ONG ont approfondi ce concept et mènent une campagne internationale pour la reconnaissance de la dette écologique.

IL s’agit de décrire la responsabilité cumulée des pays industrialisés pour les destructions causée par leurs modèles de production et de consommation. Les richesses naturelles consommées par le Nord au détriment des populations du Sud ont détérioré le patrimoine de ces derniers ainsi que leurs sources de subsistance. Cette dette est le résultat d’activités industrielles qui depuis le 19 siècle représentent une menace pour les économies locales pus durables ?

De façon concrète, voici quelques unes des raisons qui militent en faveur de la notion de dette écologique :
–        Le pillage et la destruction provoquée par les pays du Nord durant l’époque coloniale (France, Espagne, Portugal, Royaume-Uni, Pays Bas…)
–        L’extraction non durable des ressources naturelles (‘énergies fossiles, minerais, forets, ressources marines…) qui continue de menacer la survie même des populations du Sud.
–        Les termes écologiquement inéquitables du système commercial actuel, qui favorise l’exportation des marchandises sans aucune prise en compte des impacts social et  environnemental générés par leur extraction ou leur production
–        L’approbation intellectuelle et l’usage des connaissances traditionnelles en matière de semence et de plantes médicinales par la biotechnologie et l’Agro-industrie moderne.
–        L’utilisation et la dégradation des meilleures terres, de l’eau, de l’air et des ressources humaines pour le développement des cultures de rentes, ce qui met en péril la souveraineté alimentaire et culturelle des populations du Sud
–        La pollution de l’atmosphère résultat des émissions disproportionnées de gaz produites par les pays industrialisés. Une situation qui affecte la coche d’ozone et engendre le  dérèglement climatique…

La véritable rigueur celle qui incite à agir en fonction de la véracité des faits, imposerait de s’engager sans arrière pensée pour les pays dits développés responsable du dérèglement climatique actuel en ayant contribué à plus des trois quarts du CO2 émis depuis l’ère industrielle :

  1. Financent l’adaptation de l’ensemble des pays de la planète aux dérèglements climatiques actuels et notamment, mais pas seulement, aux phénomènes extrêmes.
  2. Réduisent leurs émissions actuelles, à la hauteur des recommandations du GIEC pour ne pas accroitre les dérèglements climatiques futurs.
  3. Faciliter l’accès des populations les plus pauvres à un niveau comparable de bien et services de base. C’est une sorte de dette pour le développement qui nécessite des transferts conséquents, à la fois financiers et technologiques.
  4. Il existe une quatrième composante de cette dette climatique. Moins connue, elle est amenée à prendre plus d’importance. Les dérèglements climatiques aggravent tellement les conditions de vie de certaines populations des pays les plus vulnérables que beaucoup cherchent d’autres espaces pour pouvoir survivre ?Communément appelés réfugiés climatique, ils sont d’abord des déplacés environnementaux. Les responsabilités de ces déplacements, bien souvent internes ou entre pays de sud, sont à chercher du coté des pays dont les émissions ont généré la transformation des territoires de départ. C’est une dette de migration, la  rigueur exigerait d’y faire face en accordant à ces migrants le droit de se déplacer et de s’installer dans les pays qui sont responsables de leur migration.

Dés lors, on comprend mieux pourquoi aucun des apôtres de la rigueur face à la dette financière n’ose le même raisonnement face à la dette écologique. Se confronter à toutes les conséquences de cette dernière est une telle remise en cause des modèles économiques, sociaux et géopolitiques actuels qu’on préfère la laisser dans l’oubli. Symbolisant des siècles de domination dévastatrice du nord sur le sud et plus généralement des riches sur les pauvres, la dette climatique est avant tout une arme subversive pour construire l’égalité  l’échelle internationale  C’est une boussole pour notre action politique dans les luttes et les institutions.

Devant la baisse pour la cinquième année consécutive de la baisse au budget de la nation de l’aide publique au développement, les collectivités locales et en particulier les régions qui gardent dans leur compétence, la coopération décentralisée seront les institutions les plus pertinentes pour être à l’écoute des collectivités partenaires pour échanger et aider à inventer leur propre modèle d’un développement durable alors qu’elles sont elles mêmes touchées fortement par des dégradations environnementales et sociales conséquentes, c’est ce que nous avons essayer, modestement de faire pendant cette mandature avec nos coopérations à Hanoi, à Madagascar, au Mali, au Sénégal, à Haïti, en Maurétanie, en Palestine… C’est une boussole pour notre action politique dans les luttes ou dans les institutions.

Michel Bock
Président de la commission des affaires internationales et européennes
Conseil régional IDF