16 janvier 2020 : le Parisien : Municipales : Bordeaux, Perpignan… quand les Verts passent devant les socialistes
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Dans plusieurs villes, la gauche va partir à la bataille derrière une tête de liste écologiste. Une alliance qui prend en compte la dynamique de l’écologie et ses scores aux dernières européennes.

Par Jannick Alimi

Les Verts gagnent décidément du terrain. A deux mois des municipales, le parti de Julien Bayou se place dans le peloton de tête des intentions de vote dans plusieurs villes comme Lyon ou Rouen, mais il réussit désormais à rallier le parti socialiste au sein de listes communes. Avec, fait quasiment inédit, un ralliement du PS derrière les Verts.
A part Grenoble, ville passée du PS aux écologistes en 2014, ces accords où les Verts ont pris le leadership concernent des villes importantes dirigées jusqu’à présent par la droite ou le centre. Des terres de conquête pour la gauche, donc, un peu partout en France : Perpignan, Bordeaux, Metz (où des discussions sont en cours), Tours… L’Ile-de-France est également un des terrains de prédilection de ces nouvelles alliances.

Des négociations pas toujours été aisées

« Les listes d’union dont nous prenons la tête, on les a signées dans des villes non tenues par la gauche, notamment dans les départements des Hauts-de-Seine ou de l’Essonne, détaille Léa Balage-El Mariky, chargée des mobilisations à la direction nationale chez Europe Ecologie-les Verts (EELV). A Brunoy, Yerres, Savigny, Mennecy, Bretigny (Essonne) Colombes et Sèvres (Hauts-de-Seine), Verts et socialistes — parfois alliés aux autres formations de gauche, Générération.s, le Parti communiste ou La France Insoumise — ont donc décidé d’unir leurs forces. Il a été plus difficile en revanche pour les écolos de s’imposer dans des communes du Val-de-Marne ou de Seine-Saint-Denis, place fortes historiques des socialistes et des communistes. » Mais dans le Val-de-Marne, c’est tout le même le cas à Thiais, Gentilly ou Vincennes. Et à Arcueil, où le maire sortant est écologiste.
Mais tant dans la région parisienne qu’ailleurs dans l’Hexagone, les négociations entre les deux partis n’ont pas toujours été aisées. Au PS, les réticences n’ont pas manqué. Notamment de la part d’élus locaux, soucieux de conserver leur leadership au sein de la gauche. « La direction nationale du parti nous incite à nous allier avec les Verts, comme prix d’une hypothétique victoire, s’agace un conseiller départemental socialiste. C’est injuste et risqué ! »

«Il a fallu faire preuve de persuasion pour que nos collègues socialistes acceptent»

Ces listes d’union « vert-rose » se sont ainsi le plus souvent conclues par des listes « no logo », c’est-à-dire sans étiquette partisane. « Même si le parti socialiste a perdu quelques plumes lors du scrutin de 2014, il n’en reste pas moins plus puissant que les Verts sur le terrain, reconnaît un cadre du parti écologiste. Il a fallu faire preuve de persuasion pour que nos collègues socialistes acceptent de nous suivre », souligne Léa Balage-El Mariky.

Il est vrai que depuis quelques mois la dynamique électorale, particulièrement porteuse pour les écologistes, a contraint le PS, à plus de réalisme… En tout cas dans les villes dont il ne détient pas les rênes. Le bras de fer auquel se livrent les deux formations — avec La France Insoumise — pour le leadership de la gauche, reste, en effet, marqué par la déroute des socialistes aux dernières élections européennes (6,20 %), soit moitié moins que la liste EELV (13,5 %) menée par Yannick Jadot. Cette percée se double, selon le parti Vert, d’un recrutement record d’adhérents sur le terrain. Une force militante nouvelle sur laquelle peuvent s’appuyer les écologistes dans la préparation des municipales.

Cette stratégie — aux forceps — d’union de la gauche, avec les Verts en tête, semble porter ses fruits. A Besançon, par exemple, une ville historiquement socialiste mais dont le maire sortant, Jean-Louis Fousseret est devenu LREM en 2017. Selon un sondage Ipsos, paru cette semaine, la liste (EELV-PS-PCF-Génération.s) menée par l’écolo Anne Vignot arrive, en tête des intentions de vote, loin devant celle du marcheur Éric Alauzet.