23 novembre 2019 : les associations demandent l’arrêt du pipeline qui a pollué les terres à Autouillet
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Difficile d’avoir des informations sur ce dossier, mais les camions sont toujours présents sur le site…
qu’en est-il de la dépollution des terres agricoles ? des cours d’eau voisins ? de la nappe phréatique ? quelle indemnisation pour les paysans ?
peut-on faire confiance à Total, alors que toutes les informations ne sont pas données en toute transparence ?
le principe de précaution nous incite à demander l’arrêt du pipeline et à demander des vérifications sérieuses sur les autres pipelines de la même ancienneté, le risque d’une pollution identique ailleurs n’est pas à exclure.

un article du parisien.fr, Par Maxime Fieschi

En faisant état de 29 défauts découverts en septembre, un collectif d’associations a réclamé une suspension «provisoire et immédiate» de la canalisation qui avait rompu en février à Autouillet.

Il s’agissait d’inspections complémentaires de Total. Et, ce 18 septembre, le personnel du groupe pétrolier a identifié 29 défauts d’importances diverses sur le pipeline d’Ile-de-France à Boissy-sans-Avoir, juste en aval de la section qui avait rompu fin février à Antouillet et qui avait provoqué une mini marée noire de 900 m3 de pétrole brut dans les champs.

« Ils sont tombés dessus par hasard, soutient Olivier Legrand, porte-parole d’un collectif de sept associations de défense de l’environnement. Certes, ils les ont réparés mais cela prouve que leurs contrôles habituels ne sont pas fiables. » En conséquence de quoi, le militant associatif a demandé à Total et à l’Etat de procéder à «la suspension provisoire et immédiate de l’exploitation du PLIF ».

«Bien d’autres fissures peuvent exister»

Les associations* ont fait cette annonce ce mardi après-midi, lors d’une réunion d’information organisée par la préfecture des Yvelines à Autouillet. Une demande qui a très peu de chances d’aboutir mais que les associations défendent ardemment.
«Le risque de rupture est avéré, étant donné que bien d’autres fissures non repérées peuvent exister tout au long des 300km du PLIF et pourraient entraîner une rupture, même à 50 bars de pression », ajoutent les associations.

Cette mention de 50 bars dans le PLIF fait référence à la pression actuelle dans ce tube qui achemine du pétrole brut depuis la Normandie jusqu’à la raffinerie Total de Grandpuits (Seine-et-Marne)

Elle est abaissée par rapport à la pression habituelle de 69 bars (qui était en vigueur avant l’accident de février) sur décision conjointe de l’exploitant et de la préfecture des Yvelines. Cette mesure a été décidée pour permettre la remise en service provisoire de l’équipement le 15 juillet.
Ce redémarrage à une pression plus faible était également conditionné par la réparation de 60 défauts prioritaires repérés par Total sur l’ensemble du tracé. Le pétrolier avait aussi obligation de procéder à la reprise de 60 autres anomalies, moins conséquentes, d’ici à la fin de l’année.

Total promet de renforcer les contrôles

Un conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques (Coderst) doit statuer le 26 novembre. En fonction de ses conclusions, un arrêté préfectoral pourrait être pris pour permettre à Total de reprendre une exploitation normale du PLIF.

«Toutes les réparations demandées ont été faites, ont précisé les émissaires de Total lors de cette réunion. De même, les contrôles du PLIF vont être réalisés plus fréquemment. » Ainsi, quatre passages de robots-racleurs (qui passent à l’intérieur du PLIF pour détecter des anomalies) sont planifiés entre octobre 2019 et octobre 2020.
«Mais cette méthode de détection n’a pas permis d’éviter l’accident d’Autouillet, proteste Olivier Legrand. Les mesures annoncées par Total ne nous mettent pas à l’abri d’un nouvel accident. »

Total assure que des robots faisant appel à de nouvelles technologies vont être utilisés, «pour croiser les données avec les robots-racleurs habituels et affiner la mise en évidence des éventuels problèmes ».

Selon Henri Kaltembacher, responsable départemental de la Direction régionale et interdépartementale de l’Environnement et de l’Énergie (Driee), «la fréquence des contrôles désormais en vigueur sur le PLIF est cinq fois supérieure à des équipements similaires ».
«Outre cette surveillance renforcée, explique Arnaud Dumas, directeur de la raffinerie de Grandspuits et du PLIF, la baisse de pression dans le PLIF a permis de diminuer très notablement les contraintes sur l’équipement. »

Un courrier à la ministre de l’Ecologie
Mais le collectif d’association n’en démord pas : le risque de rupture du PLIF demeure encore trop important, et le danger pour l’environnement tout autant. « Si d’autres technologies plus pointues peuvent apporter des pistes de solution, ce n’est qu’après leur exécution et l’analyse des résultats sur l’ensemble du tracé que l’exploitation pourrait être envisagée. »
Pour tenter de peser dans le dossier, le collectif a décidé d’envoyer un courrier à la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne pour demander la création d’un comité de suivi intégrant les associations, «chose qui nous a toujours été refusée, laissant apparaître un manque de transparence dans cette affaire », ajoute les défenseurs de l’environnement.

Une accusation réfutée par Henri Kaltembacher qui a assuré que ses services avaient, « avec les associations, de nombreux contacts formels ou informels ». « Les réponses vous sont apportées, a insisté Michel Heuzé, le sous-préfet de Rambouillet qui présidait cette réunion. Ce n’est pas parce qu’elles ne vous conviennent pas qu’il faut accuser l’Etat ou l’exploitant d’un manque de transparence. »

* France nature environnement (FNE) national, FNE Ile-de-France, FNE Yvelines, Jade, Sauvons les Yvelines, Eparche, Atena 78.