30 janvier 2020 : le Parisien : Rambouillet : Yann Arthus-Bertrand défend son pacte écologique
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Yann Arthus Bertrand, soutenu par une vingtaine d’associations, a demandé aux candidats à l’élection municipale de le respecter.

Par Thibaut Chéreau

« On pensait qu’avec Home tout allait changer, mais dix ans plus tard rien n’a changé ». Engagé pour la protection de l’environnement, Yann Arthus-Bertrand était présent mardi soir au théâtre du Nickel à Rambouillet. Le célèbre photographe et réalisateur écologiste voulait « donner un coup de main » aux associations locales qui proposent aux prochains maires des communes de l’agglomération de s’engager concrètement pour la transition écologique.

« Ne pas accepter la mort silencieuse de la biodiversité »

Depuis juillet, plusieurs dizaines d’habitants de Rambouillet Territoires (36 communes), ont formé des groupes de travail pour définir les 14 mesures du « pacte pour la transition. »* Des initiatives similaires existent dans d’autres villes du département. « Nous voulons que les candidats se saisissent de ces sujets qui n’appartiennent à aucun parti, explique Emeric Lestournelle, 47 ans, qui coordonne l’initiative. Nous n’avons pas d’ambition politique, les actions que nous proposons ne sont pas partisanes. »

Les mesures doivent permettre à l’agglomération de Rambouillet de se rapprocher de l’Accord de Paris pour le climat en maîtrisant ses émissions de gaz à effet de serre. Un combat cher à Yann Arthus-Bertrand. « La situation à Rambouillet n’est pas pire qu’ailleurs mais il est inacceptable d’accepter la mort silencieuse de la biodiversité », explique l’habitant des Mesnuls.

Parmi les propositions figurent la rénovation énergétique des bâtiments anciens, l’installation de nouveaux agriculteurs sur les terres de Bel-Air, une surface de 20 ha ou devait se créer un village auto, ou la création de grandes pistes cyclables pour favoriser les trajets à vélo.

Dès 20 heures, le Nickel est plein à craquer. Près de 350 personnes se massent dans la salle de 270 sièges. « Ce qui me préoccupe le plus c’est la gestion de l’eau, glisse Rosine, une retraitée. Il y a aussi les repas bios à la cantine pour mes petits-enfants. »

Durant les trois heures de débat, plusieurs citoyens présents réagissent aux propositions. « La question du prix des produits agricoles est très importante, a témoigné une jeune agricultrice des Essarts-le-Roi. Quand on choisit de ne pas traiter nos cultures, on perd une partie de la production et il faut plusieurs années avant de pouvoir vivre de son travail. »

La soirée est aussi l’occasion pour des élus ruraux d’évoquer leurs difficultés face aux réalités économiques. « Si on passait à 100 % de biologique demain à la cantine, le prix des repas passerait de 4 à 7 euros par jour », assure Thierry Convert, maire (SE) de Poigny-la-Forêt.

À la sortie, les esprits sont globalement conquis. « Nous serons sensibles aux propositions des candidats pour la transition écologique, expliquent Florian et Tiphaine, un couple de trentenaires. Il y a encore trop peu de pistes cyclables pour circuler en ville. »

Deux candidats s’engagent à respecter les mesures

À Rambouillet, le Pacte pour la transition a d’ores et déjà été signé par la liste du collectif progressiste de Rambouillet, emmenée par Jean-Marc Seyler (PCF). « Nous l’avons accepté même si les propositions sont minimalistes, estime le candidat. Nous comptons donner une plus grande place aux mesures sociales et modifier le plan local d’urbanisme pour durcir les normes de construction. »

David Jutier (EELV), soutenu par Génération. s et le parti animaliste a lui aussi signé la liste. « Nous irons plus loin dans les mesures, indique ce biologiste de formation. Dès le début du mandat nous demanderons au conseil municipal de prendre l’engagement de respecter le pacte et nous nommerons une commission pour la transition écologique. »

Des échanges sont toujours en cours avec Véronique Matillon (DVD), soutenu par le maire (LR) Marc Robert. « Nous devons encore discuter des propositions car certaines sont déjà appliquées comme pour la régulation des produits phytosanitaires, indique l’actuelle première adjointe. D’autres comme la gestion des déchets ne relèvent pas de la compétence de la ville. » Gilles Schmidt (LREM) est lui aussi en discussion avec les représentants du pacte. De son côté le cinquième candidat, Philippe Chevrier (DVD) indique ne pas avoir été contacté pour le signer.

* https://transition-citoyenne.org/pacte/