6 novembre 2019 : En 2018, le nombre d’accidents technologiques dans les ICPE a augmenté, et surtout dans les Seveso
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Amine GUEDAIEM / AFP

Les installations classées représentent le domaine d’activité le plus touché par des accidents technologiques. Dans son inventaire pour l’an dernier, le bureau d’analyse des risques et pollutions industriels (Barpi) alerte sur l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des phénomènes naturels et technologiques. Par ailleurs, le secteur des déchets est, de nouveau, le plus accidentogène dans les installations classées.
Pour l’année 2018, le Barpi souligne – dans son inventaire 2018, récemment publié – que le domaine d’activité le plus touché par les accidents concerne les installations classées avec 70,8 %, suivies par le transport et l’utilisation du gaz représentant 13,5 %, puis les ouvrages hydrauliques avec 5,6 %, les installations diverses (mines, carrières, stockages souterrains) comptant pour 5,5 % et enfin le transport de matières dangereuses avec 4,5 %.

Les risques technologiques recouvrent les risques industriels, nucléaires et biologiques.
Cinq sources de risque technologique majeur sont présentes en France : les installations industrielles, les installations nucléaires, les grands barrages, les transports de matières dangereuses et les sites miniers.

Les installations classées : de plus en plus touchées
Concernant les installations classées, 1 112 accidents et incidents ont été recensés en 2018. Une nette augmentation peut être soulignée : en 2016, seulement 827 événements étaient dénombrés, et 978 en 2017. La part des accidents ayant lieu dans des installations classées Seveso est elle aussi en forte augmentation avec 15 % en 2016, 22 % en 2017 et 25 % en 2018.
Le secteur des déchets révèle, quant à lui, le plus grand nombre d’accidents dans les installations classées sur 2018.
Cependant, en regardant l’évolution depuis 2017, le classement est différent, avec dans les premières positions le raffinage, le transport et l’entreposage, le travail du bois ou encore le traitement des déchets. Une diminution peut être notée dans les secteurs de l’industrie du caoutchouc et du plastique, de l’industrie du papier et du carton, de l’agriculture et de l’industrie chimique et pharmaceutique.
Les phénomènes accidentels rencontrés dans les accidents ayant eu lieu dans des installations classées sont pour 46 % des incendies, pour 38 % des rejets de matières dangereuses et pour 5 % des explosions.
À la suite d’accidents, des conséquences économiques sont rencontrées dans 80 % des cas enregistrés. Un impact environnemental est également présent, en moindre mesure, dans 35 % des cas. Ces conséquences environnementales sont en hausse puisqu’en 2017 seulement 25 % des événements avaient un impact environnemental. D’un point de vue humain, 5 décès ont eu lieu en 2018 dans 4 accidents différents.

Les déchets : premier secteur accidentogène
Le secteur des déchets devance de loin celui de la chimie en matière d’accidents. En effet, 22 % des accidents des installations classées sont relatifs aux déchets.
Ces événements sont dus pour 60 % à des incendies dans des installations de stockage dans des centres de tri, de transfert ou de regroupement de déchets non dangereux. Par ailleurs, une augmentation des accidents est relevée dans le domaine du traitement biologique des déchets, comptant à présent pour 10 %. Ces événements sont notamment lors d’opérations de compostage avec des auto-échauffements ou lors d’opérations de méthanisation avec par exemple des rejets intempestifs de biogaz.
La problématique des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) devient de plus en plus réelle avec 20 accidents ou incidents en 2018 à ce sujet contre seulement 6 en moyenne sur les 10 dernières années. Le débat est donc ouvert sur les piles et les batteries au lithium générant ces événements dangereux.
A propos des déchets dangereux, ce sont 40 accidents qui ont été comptabilisés sur l’année 2018, soit quasiment le double par rapport à 2016. Ceux-ci sont notamment dus à des mélanges incompatibles de déchets.
Le transport de matières dangereuses : des pertes de matières importantes
Du côté du transport de matières dangereuses, 101 événements ont pu être relevés en 2018. Pour ce qui est de leur répartition, le transport routier regroupe 60 % de ces accidents, les installations classées 31 % et le transport ferroviaire 8 %. Seulement 3 événements sont dénombrés lors du transport fluviale et aucun lors du transport par voie maritime.
Les phénomènes dangereux se déroulant lors du transport de marchandises dangereuses sont dans 89 % des cas des pertes de matières dangereuses. Des conséquences humaines sont remarquées dans 35 % de ces événements avec, en 2018, 4 décès lors d’accidents de la circulation. Ces derniers sont à l’origine de 37 % des accidents liés au transport de marchandises dangereuses, 35 % étant dus à des actions humaines inappropriées.
La sécurité du gaz : de nombreux accidents domestiques
Au niveau des 37000 km de gazoducs français, seulement 2 événements ont eu lieu sur 2018. Pour ce qui est des installations annexes, ce sont 11 accidents qui ont été recensés lors de lâchers de soupape ou de dysfonctionnements. Concernant les pipelines d’hydrocarbures, on note 6 événements, et 8 sur des canalisations de produits chimiques. Sur les 196000 km de tuyauteries de distribution de gaz en ville 112 événements ont été remontés. Enfin, 125 accidents concernaient l’utilisation domestique du gaz par les 11 millions d’abonnés que compte la France.
Les secteurs divers : des chiffres en hausse
Le Barpi se prononce également sur le bilan des accidents technologiques majeurs ayant eu lieu en 2018 dans différents domaines :
• Les silos, pour lesquels plusieurs explosions ont été notées avec notamment une d’entre elles très grave à Strasbourg lors de travaux par point chaud. Ceci pose des questions sur la réalisation des formations, les contrôles périodiques, les nettoyages mis en œuvre et les procédures et consignes ;
• Les ouvrages hydrauliques, comptant pour 96 événements en 2018, soit plus du double par rapport à l’année 2017. Cette augmentation s’explique par une meilleure remontée des informations de la part de ces infrastructures. Ces accidents ont touché 50 barrages et 46 digues et ont généré 3 blessés légers lors d’interventions ;
• Les appareils à pression, qui peuvent être transportables ou situés sur des postes de travail fixes. En 2018, 105 accidents ont été dénombrés les concernant avec pour cause principale des ruptures d’équipements ;
• Les événements naturels et technologiques, dont les pluies, les inondations, la foudre, la chaleur ou encore le froid, qui ont touché 107 installations en 2018. Dans la base Aria, 9 % des événements concernent cette thématique. En effet, une augmentation de l’intensité de ces phénomènes est à souligner depuis quelques années ;
• Les sous-traitants, représentant 8 % des accidents dans les installations classées. La cause principale des événements liés à la sous-traitance se trouve être la méconnaissance des lieux de travail, des risques et des diverses spécificités du lieu d’intervention.