Alors que la réforme des retraites va pénaliser les femmes, le gouvernement table sur l’index égalité professionnelle mis en place en 2019 pour affirmer que la situation progresse.
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 » En cette journée des droits des femmes, la vraie inégalité de pensions, elle ne nait pas du système de retraite, elle nait des inégalités professionnelles ». Telle est la conclusion du Ministre du travail Olivier Dussopt le 8 mars au Sénat, en espérant que cette affirmation mettrait tout le monde d’accord.

Sur ce point effectivement, ce n’est pas compliqué à comprendre : si les femmes sont structurellement moins bien payées que les hommes pendant leur carrière professionnelle, qu’elles travaillent trois fois plus à temps partiel qu’eux, et ont plus souvent des carrières incomplètes pour s’être occupée de leurs enfants… forcément, elles auront une retraite inférieure.

Et le Ministre d’expliquer, que sa réforme prévoyant de relever les petites retraites, elle avantagera les femmes puisqu’elles ont des petites retraites.

La dessus les chiffres sont éloquents. Selon une étude de la DREES, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques, en moyenne les femmes touchent 1154 euros par mois de retraite, et les hommes 1931 euros. L’écart est de 41%. Il se réduit à 28% si on tient compte des pensions de réversion.

41%, voilà explosés à la retraite, les écarts déjà constatés entre femmes et hommes pendant la vie professionnelle. 41%, c’est loin des 22%, 15,6%, ou 9%… d’écart de salaires que l’on entend commentés dans le débat public.

9%, c’est l’écart à poste équivalent et compétence égale que donne le gouvernement dans le plan interministériel pour l’égalité professionnelle présenté cette semaine.

15.8%, celui qu’il donne à temps de travail équivalent.

22% celui que donne l’Insee pour l’année 2019, chiffre qui ne tient pas compte de la durée travaillée…

Mettre en avant l’un ou l’autre de ces chiffres n’a rien d’anodin, disons le au passage. Ne pas tenir compte du temps travaillé dans les écarts de salaire, c’est un moyen de reconnaitre qu’un million de femmes sont au temps partiel subi, elles ne l’ont pas choisi, et l’inégalité commence là.

Considérer que le seul écart pertinent c’est pour le même travail, c’est occulter le fait que les métiers sont encore très sexués, seulement 17% des emplois sont mixtes selon l’économiste Rachel Silvera, or tous les métiers féminins sont moins payés, même à niveau d’étude équivalent.

 » A travail égal salaire égal » , ce principe écrit dans la loi française pour la première fois en 1972 est, contrairement à ce qu’on lit parfois, dépassé. En 1983, il a été remplacé par cet autre principe : « à travail de valeur égale, salaire égal », ce qui change tout, comme le relate a chronique ci dessous.