Bernard Laponche : Nucléaire : « Exporter des petits réacteurs serait une impasse pour la France »
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En annonçant le déblocage d’un milliard d’euros pour le développement des Small Modular Reactors (SMR), Emmanuel Macron a fait de ce type de réacteur nucléaire la star de son plan de relance France 2030, le 12 octobre. Vingt ans après avoir misé gros sur l’EPR, empêtré dans la crise à Flamanville, c’est cette fois vers de « petits réacteurs modulaires » que la France se tourne, pour les exporter.

Une stratégie que Bernard Laponche, physicien et président de Global Chance, juge inopportune.

Quel est l’intérêt des SMR, ces mini-centrales nucléaires que veut développer Emmanuel Macron ?

Bernard Laponche : Les Small Modular Reactors (SMR) sont tout d’abord des « petits » réacteurs, d’une puissance comprise entre 50 MW et 250 MW. Des petits réacteurs à uranium enrichi et eau existent déjà depuis les années 1950. Ils ont été élaborés sous la forme de prototypes de centrales nucléaires de grande puissance ou bien pour la propulsion navale. Mais, par rapport à leurs ancêtres, les SMR introduisent une innovation. Ils ne sont pas que « petits », ils sont aussi « modulaires ». Cela signifie que l’on peut en ajouter plusieurs côte à côte, de manière à fournir une puissance qui s’adapte à des besoins moindres et évolutifs, à la différence des réacteurs actuels (de l’ordre du millier de MW de puissance), ce qui les rend facilement exportables. Ces réacteurs, destinés surtout à l’exportation, seront construits en usine et non sur site de façon standardisée, pour en baisser le coût de construction et d’exploitation.

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