Communiqué de presse EELV : Secrétaires d’État et conseil de défense écologique : #TousEcologistes ?
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Alors que la canicule nous rappelle, une fois de plus, la nécessité d’agir maintenant contre le dérèglement climatique, retour sur une semaine décevante en matière de mesures environnementales.

Il aura donc fallu attendre 3 semaines pour connaître la liste complète du gouvernement Castex , avec l’annonce des 11 secrétaires d’État faite ce dimanche soir. Cette attente aurait-elle nourri des espoirs infondés ? Indéniablement.

Jean Castex avait promis de “relancer” le plan pauvreté, le premier acte du gouvernement aura donc été de supprimer le secrétariat d’État à la lutte contre la pauvreté. Un signal désastreux alors que la crise sanitaire accroît davantage la précarité dans notre pays.

Il n’y aura pas non plus de secrétariat d’État à la Condition animale. Les associations l’avaient pourtant demandé, soutenues par une pétition qui avait réuni plus de 100 000 signatures. Las, la condition animale ne semble pas être un sujet pour ce nouveau gouvernement. Regrettable.

Une nomination au secrétariat d’État à la biodiversité qui pose question

Le secrétariat à la Biodiversité auprès de la Ministre de la Transition Écologique fait quant à lui son grand retour. C’est Bérangère Abba qui sera en charge de cette question primordiale alors que l’on constate un effondrement global de la biodiversité. Cette nomination pose néanmoins question, tant cette députée a affiché des positions contradictoires dans son parcours : active dans une association anti-nucléaire puis élue au conseil d’administration de l’Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs. Se prétendant écologiste, mais absente lors du vote contre le CETA. En charge de la biodiversité, mais affichant sa proximité avec le milieu des chasseurs. Contre le glyphosate, mais refusant d’en inscrire la fin dans la loi.

C’est donc à la tête d’une véritable armée mexicaine que Jean Castex lance son opération de communication sur une “écologie des territoires” : “L’écologie à laquelle je crois est celle de l’action plutôt que de l’incantation” indiquait-il dans sa tribune publiée dans Ouest-France. Le #TousEcologistes était en parallèle lancé sur twitter, une opération bien rodée, mais de quels actes est-elle suivie ? Quelques annonces sur le fret et l’interdiction des terrasses chauffées : deux sujets que les écologistes portent depuis longtemps, et qu’ils se réjouissent de voir aboutir, mais qui ne sauraient suffire à engager la transition dont notre pays a besoin !

Comme les quatre précédents, le 5ème conseil de défense qui s’est tenu ce lundi 27 juillet a ainsi accouché d’une souris. Sur les trois piliers présentés lors du conseil (rénovation énergétique, maîtrise de la consommation de l’énergie, lutte contre l’artificialisation), nous attendions des mesures fortes et concrètes. Il n’en est rien. Le gouvernement a repris au rabais les propositions de la thématique “se loger” présentées par les membres de la Convention Citoyenne pour le Climat.

Rénovation thermique : un manque d’ambition

Sur la rénovation thermique, les processus présentés comme des révolutions ont été amorcés sous le quinquennat Hollande. Sur l’obligation de rénovation des passoires énergétiques, l’obligation possible de rénovation pour la mise en location à partir de 2023 ne concernerait que 120 000 logements sur près de 7 millions de passoires énergétiques en France, car le seuil choisi serait de 500 kWh/m2.an alors que les logements consommant 350 kWh/m2.an sont déjà considérés comme des passoires énergétiques.

Artificialisation des sols : les petits pas

La création de centres commerciaux est l’un des facteurs d’artificialisation des sols, en plus de favoriser la dévitalisation des commerces de proximité et d’accroître les émissions de gaz à effet de serre par les déplacements qu’ils génèrent. Si la proposition de la Convention Citoyenne d’instaurer un moratoire pour les projets de zones commerciales en périphérie des villes semble avoir été entendue, nous espérons qu’elle ne sera pas dénaturée et se traduira donc bien “immédiatement” par des “mesures coercitives pour stopper les aménagements de zones commerciales” comme la Convention l’a proposé.
Il serait en particulier incompréhensible que le gouvernement ne mette pas fin aux projets Open Sky à Valbonne et Val Tolosa à Toulouse, tous deux très contestés localement. Il serait également inefficace que le moratoire n’inclut pas les entrepôts dédiés au commerce en ligne (comme le centre de tri Amazon à Belfort ou celui d’Ensisheim). Rappelons que le commerce en ligne détruit deux fois plus d’emplois qu’il n’en crée et que ce sont à terme près de 26 000 emplois qui sont menacés de disparition dans les années à venir en France. Or pour l’instant, le gouvernement reporte le sujet à une mission parlementaire.

Pour le reste des mesures demandées par la Convention, elles semblent repoussées aux calendes grecques ou renvoyées à de futures annonces.

Nous avons besoin d’aller plus vite et plus loin si nous voulons réellement prendre à bras le corps l’urgence climatique. Il reste moins de 10 ans à la France pour agir et 600 jours à ce gouvernement. Arrêtons de trouver des excuses pour reporter chaque fois la mise en place de ces mesures, le dérèglement climatique lui n’attend pas.

Éva Sas et Alain Coulombel, porte-paroles