Le blog du vendredi soir de David Cormand, eurodéputé Vert : Battre l’extrême droite. Aujourd’hui et demain.
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Cette note pourrait tenir en une ligne : tout doit être fait pour empêcher Marine Le Pen de devenir Présidente de la République. Mais qu’on me comprenne bien : aucun prêchi-prêcha ne parviendra à déplacer une seule voix. Admonester ne suffit pas, et sera même sans doute contre-productif. Il faut convaincre. Ce qui signifie nager à contre-courant dans le flot des humeurs qui noient citoyennes et citoyens sous des vagues d’amertume.

La colère est le sentiment le mieux partagé du pays. S’y adjoignent dépit et lassitude démocratique. Notre pire ennemi se nomme indifférence. Sa puissance tient au fait que des millions de personnes se sentent totalement ignorées par la classe politique dans son ensemble, et décident donc de l’ignorer en retour. L’élection présidentielle est vécue par beaucoup de personnes comme un théâtre qui ne changera pas grand chose à leur existence. Un jour, il y a mille ans, elles y ont cru pourtant. Elles ont voulu croire que les promesses énoncées avec éloquence deviendraient réelles et amélioreraient leur condition. Mais rien n’est venu. Rien n’a changé.

Leur quotidien est demeuré cette assignation à résidence sociale, sans espoir de transformation. Leur travail s’est barré, délocalisé ailleurs par la force de la raison mondialisante. Leur horizon s’est rétréci au fur et à mesure que leurs problèmes grandissaient. Extension du domaine de la dèche.

Un jour, il y a mille ans, des millions de nos concitoyennes et de nos concitoyens croyaient encore que nous vivions dans le même pays. Mais ce n’est pas le cas. Même nos imaginaires sont disjoints, comme des continents à la dérive. Convaincre, mais comment ? On ne se parle même plus. Après le divorce, l’intérêt général est parti sans laisser d’adresse. Alors forcément, quand on se pointe en VRP de la démocratie, on n’est pas super bien accueilli. « Ta camelote tu te la gardes. Et tes leçons de morale aussi. » À ce stade, nous voilà bien démunis. La désillusion de celle et ceux qui hésitent face à l’attitude à adopter pour le second tour, ou ont déjà décidé de pratiquer la politique du pire, est aussi difficile à franchir que l’Everest. La première marche est la plus haute : pour redevenir audibles, et entrer en discussion nous devons d’abord reconnaître que nous nous sommes plantés. Lamentablement.

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