Les bases de loisirs sont en danger !
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Leur financement pourrait s’ouvrir au privé.

Dans nos bases de loisirs en IdF, propriété régionale, nous assistons à une privatisation rampante, sous couvert d’une meilleure gestion des fonds publics. Ces bases de loisirs, rebaptisées « iles de loisirs » (à supposer qu’en dehors il y a peu de loisirs), permettaient initialement gratuitement à des populations fragiles de trouver un poumon de verdure et de loisirs proches de leur domicile. Il n’était donc pas question, à leur création, de rentabilité financière des projets mais plutôt d’un subventionnement culturel et social. Une privatisation entrainerait une augmentation du prix d’entrée ou une impossibilité d’accès.

la base de Saint Quentin en Yvelines est plus particulièrement menacée après le désengagement financier du Conseil Départemental des Yvelines.

Un article publié dans les Echos.fr le mercredi 8 mars 2023


Lieux de promenades et poumons verts pour les territoires,les îles de loisirs (anciennement bases de loisirs) franciliennes sont au nombre de douze, réparties sur six départements. Elles accueillent chaque année quatre millions de visiteurs sur leurs 3.000hectares. Mais ces sites, créés à l’époque des villes nouvelles,sont confrontés à d’importantes difficultés financières et de gouvernance. Les structures sont toutes propriétés de la région et gérées par un syndicat mixte regroupant les collectivités territoriales.
Ce dernier œuvre en direct ou via un délégataire de service public. « La crise sanitaire a mis en exergue la fragilité de leur modèle économique. Elles possèdent un potentiel extraordinaire, largement sous-exploité », soulève David Bonneau, directeur général des services (DGS), de la région.
La région Ile-de-France, qui a investi 61 millions d’euros depuis 2016, souhaite aujourd’hui construire un modèle plus ambitieux, avec de nouvelles activités et services. La collectivité, qui s’est lancée dans une
démarche intitulée « Réinventons les îles de loisirs », vient de publier un appel à manifestation d’intérêt (AMI). Cet AMI est ouvert à tous types d’investisseurs ou de partenaires : entreprises privées ou publiques, fonds
d’investissement, mais aussi fédérations, start-up, collectivités, associations, fondations ou encore architectes et paysagistes. Les partenaires peuvent se constituer en groupements.
Toutes les formules de gestion sont permises : bail, bail emphytéotique, occupation temporaire de domaine public, voire cession partielle de terrains.
Déficit cumulé de dix millions d’euros pour 2021.
Le lancement de nouvelles activités apporterait des sources de financement supplémentaires et permettrait une utilisation mieux répartie des espaces au cours de l’année. «Pour l’instant, c’est essentiellement l’été que les îles tournent à plein régime, notamment grâce à la présence de piscines ou de plan d’eau. Il est dommage que ces lieux ne soient pas utilisés d’avantage », insiste David Bonneau. Plusieurs sites de loisirs sont en effet
dans le rouge. Le déficit cumulé des douze îles s’élève à dix millions d’euros pour 2021. Celui de Saint-Quentin-en-Yvelines avait atteint à lui seul un déficit de près de deux millions d’euros en 2020.
L’arrivée de nouveaux partenaires permettrait, selon la région, de diversifier les activités touristiques, sportives et de loisirs. Parmi les pistes envisagées, on peut citer le développement d’activités sportives à la mode (type paddle) ou des séjours de courte ou moyenne durée. L’organisation de séminaires d’entreprise, d’offres de
formation ou d’activités évènementielles est également envisagée. Les propositions seront à soumettre d’ici à la fin du mois de mars, en priorité pour les îles de Saint-Quentin en Yvelines, Bois-le-Roi, Etampes, et Port-aux-Cerises. Dans cette dernière île, située en Essonne, la fermeture de la piscine à vague au cours de l’été 2022 avait provoqué des tensions entre la région et le président du syndicat mixte.
« Ces nouveaux projets devront se décliner autour de trois valeurs fondamentales : la solidarité et le tourisme populaire, l’attractivité et le développement durable », précise le conseil régional.
Ghislaine Senée, présidente du groupe écologiste au conseil régional, rejette la démarche en bloc. « Nous sommes très inquiets sur l’avenir des îles de loisirs. Ce projet équivaut à une privatisation rampante.
Avec, une augmentation inéluctable des coûts pour les usagers. » Pour les élus de gauche, les îles de loisirs sont déficitaires par nature puisqu’il s’agit d’espaces mis à disposition des publics, particulièrement ceux en difficultés. « Il est normal que les collectivités participent au financement des îles qui ont une véritable vocation sociale. Avec son projet, Valérie Pécresse veut transformer celles-ci en parcs d’attractions », tacle l’élue régionale.