Une « grande cause nationale » préalable à celle de la santé mentale : la démocratie.
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Communiqué de presse du 23 septembre 2024 du Printemps de la psychiatrie

Le 22 septembre 2024, Michel Barnier a appelé à faire de la santé mentale « une grande cause nationale ». Depuis plusieurs années, cette volonté politique revient tel un marronnier de communication politique. Là comme précédemment, il n’y a rien à attendre d’un tel gouvernement qui évolue dans un imaginaire politique étriqué alliant réaction, austérité, sécuritaire le tout sur fond de déni de démocratie. Et puis de quelle « santé mentale » parle-t-on ? Pour qui ? Pourquoi ? Et comment ?

La santé mentale est devenue un fourre-tout dans lequel se retrouvent pêle-mêle le marché du bien-être, les grandes souffrances psychiatriques, les difficultés d’adaptation des individus au monde contemporain, les dispositifs et institution de soins et d’accompagnement, le marché de la e-santé mentale.

Depuis l’ère Macron, l’intérêt pour la santé mentale se concentre essentiellement sur le numérique et les dispositifs d’évaluation, d’orientation (vers des professionnels et des institutions qui n’existent pas ou plus) et la construction d’un marché d’acteurs privés du numérique. Les applications sont appréhendées comme une révolution qui se développe sur le terreau fertile de l’abandon des services publics. Il suffit de se rappeler les interventions des Assises de la santé mentale en 2021 organisées par le pouvoir et clôturées par France BioTech et le président de la République.

En 2018-2019, à l’instar des EHPAD et des Urgences, les personnels, parfois avec les patients, des hôpitaux psychiatriques se sont soulevés à différents endroits de l’Hexagone. Malgré leurs luttes, malgré la crise Covid, la psychiatrie a continué à être prise en tenailles entre les contrôles gestionnaires et les dérives sécuritaires, charriant leur cortège de maltraitances institutionnelles. Cette santé mentale là – la psychiatrie – qualifiée par les pouvoirs publics de « mauvaise santé mentale » ne suscite l’intérêt que lors de passages à l’acte violents1, de « ratage psychiatrique » ou d’annonces ponctuelles de charité concernant le financement : fonds d’innovation organisationnel en psychiatrie, arrivée de l’équivalent de la tarification de l’activité (tarification par compartiment en 2022).

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