Yvelines : cinq mois après la mini marée noire, le pipeline d’Ile-de-France va rouvrir
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Encore une fois, les associations, invitées à une première rencontre avec Total et les éluEs locaux, ont été les oubliées du scandale : tout s’est passé sans elles, la décision de rouvrir le pipeline s’est faite en catimini, comme si il y avait quelque chose à cacher. Ce pipeline, de plus de 40 ans d’âge, s’est rompu par corrosion. Rien, si ce n’est le changement du pipeline, ne pourra rassurer les riverainEs et les associations de protection de l’environnement. Au nom de la finance, de la rentabilité, la sécurité sanitaire est balayée, cette rupture peut survenir ailleurs tout au long de cette canalisation souterraine (qui va se l’embouchure de la Seine jusqu’en Seine et Marne), et polluer les sols, intoxiquer les riverainEs, avec la bénédiction de l’Etat.
La plus faible pression dans la canalisation annoncée par la société Total, tout comme la durée provisoire de 2 mois et demi, confirme bien la dangerosité potentielle de l’utilisation du pipeline, malgré les réparations et vérifications faites par Total, sans aucune contre-expertise indépendante.
Plus personne ne parle de la dépollution des terres et des rus avoisinnant…
La décision de reprise totale sera donnée par le Conseil Départemental : difficile d’imaginer institution aussi peu diverse (aucunE éluE qui ne soit pas de Droite dans cette institution « représentative » du département). Difficile d’imaginer le Conseil Départemental aller à l’encontre de la position de Total ! Pourquoi ne pas avoir délégué cette décision à une assemblée locale représentative (éluEs locaux, association, riverains) ? La décision serait sans doute différente.
Entre la pollution par les hydrocarbures, la pollution de la Seine par les excréments à Achères, il est grand temps que les citoyenNEs prennent en main leur destin !

UN ARTICLE DU PARISIEN :

La préfecture des Yvelines a pris un arrêté autorisant Total à rouvrir, sous certaines conditions, le pipeline qui avait cédé en février dernier à Autouillet. Les associations de défense de l’environnement s’inquiètent.
Par Maxime Fieschi
Le 16 juillet 2019 à 20h18
Cinq mois plus tard, du pétrole brut va courir à nouveau dans le pipeline d’Ile-de-France (Plif). Ce mercredi, Total entame la remise en circulation d’hydrocarbures dans cet oléoduc qui avait rompu dans la nuit du 24 au 25 février.
Cette nuit-là, 900m³ de pétrole brut s’étaient répandus dans des champs à Autouillet et Boissy-sans-Avoir, polluant les sols et les cours d’eau. Depuis, le Plif était à l’arrêt total. La section endommagée a été remplacée mais il fallait le feu vert des autorités.
C’est un arrêté préfectoral pris lundi 15 juillet qui autorise ce « redémarrage provisoire jusqu’au 30 septembre », annonce la préfecture des Yvelines.
Les services de l’Etat ont pris connaissance des causes de l’accident, établies par un rapport de plusieurs dizaines de pages de l’Institut de soudure qui précise que « la rupture est due à une perte de résistance du tube suite à la propagation d’une fissure de corrosion ; le pipeline s’est rompu à partir de la fissure lorsque celle-ci a atteint la moitié de l’épaisseur du tube ».
Des dizaines de points contrôlés
Selon la préfecture, « Total a élaboré une stratégie de réparation des défauts potentiels du Plif qui a été validée par les services de la Direction générale de la prévention des risques (DGPR) et de la Direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie (Driee). »
Dans un communiqué, les services de l’Etat dans les Yvelines ajoutent : « Plusieurs dizaines de points particuliers ont été contrôlées (NDLR : sur les 260 km du Plif) et des réparations […] ont été réalisées quand elles étaient nécessaires. »
Dès ce mardi, les grandes manœuvres sont donc entamées dans le tube qui avait été quasiment vidé de ses hydrocarbures. « Dans un premier temps, on va pousser du pétrole entre la raffinerie de Grandpuits et le site de Gargenville, explique un responsable du groupe pétrolier. Cela prendra plusieurs jours. Ensuite, la même manœuvre sera faite dans le sens Le Havre-Gargenville. »
Un bilan dans deux mois et demi
Une fois que le pipeline sera rempli, la circulation reprendra, depuis Le Havre vers la raffinerie, « mais à 52 bars de pression au lieu des 69 bars habituels », précise-t-on chez Total. De même, le pétrolier s’est engagé à réaliser des inspections du tube tous les ans plutôt que tous les cinq ans.
Un bilan sera réalisé après deux mois et demi d’exploitation et « un arrêté de redémarrage définitif sera proposé au conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques (CODERST) des Yvelines », conclut la préfecture.

OLIVIER LEGRAND, PRÉSIDENT DE L’ASSOCIATION JADE : « C’EST UN DOUBLE SCANDALE »

Les défenseurs de l’environnement sont extrêmement choqués par cette annonce, notamment France Nature Environnement et Jade (Jonction des associations de défense de l’Environnement), qui réagit par la voix d’Olivier Legrand, son président : « C’est un double scandale ! Primo, nous n’avons absolument pas été avertis de cette reprise alors que Total et la préfecture nous avaient promis transparence et concertation, s’agace-t-il. Secundo, sur le fond, nous sommes très inquiets car les conditions d’un redémarrage en sécurité ne sont pas réunies. La rouille est à l’origine de l’accident, ce qui veut dire que les protections anticorrosion du pipeline sont inopérantes. Qui peut nous promettre que le tube n’est pas rouillé ailleurs ? »
Et le responsable associatif d’enfoncer le clou : « D’ailleurs, le fait d’augmenter la fréquence des inspections et de démarrer à basse pression prouve bien que Total considère que le tube est fragilisé. En fait, il est prêt à casser n’importe quand et à n’importe quel endroit. Et cette reprise nous fait courir le risque d’une nouvelle rupture et d’une nouvelle pollution. »