En quoi la crise sanitaire remet en cause le modèle actuel ?
La crise du Covid 19 n’est pas qu’une crise sanitaire, c’est aussi une crise sociétale qui met en exergue les inégalités de notre société et montre les limites du modèle actuel. La crise impacte davantage les personnes les plus faibles et les plus défavorisés. Le confinement est plus dur à vivre pour les unEs que pour les autres. Là où certainEs profitent du confinement pour partir se réfugier dans leurs résidences secondaires en province, beaucoup restent confinéEs dans des logements insalubres et trop étroits. De même, alors que beaucoup d’entreprises ont adopté le télétravail comme nouvelle façon de travailler afin de protéger leurs salariéEs, les occupantEs des emplois les plus sollicités – éboueurEs, caissier.es, livreurs, infirmier.es etc… – car indispensables pour assurer le service minimum et le bon fonctionnement de la société – vivent quant à eux/elles bien souvent dans des quartiers populaires à cause de leurs faibles rémunérations. La crise du Covid 19 révèle aussi un double abandon des populations des quartiers. A la fois la fermeture des services publics mais également la fermeture des restos du cœur et des autres associations qui aident les plus démuniEs. La crise du Covid 19, en plus de pointer les inégalités, les accroît voire en crée de nouvelles pour les plus jeunes. Depuis le 12 mars et jusqu’à nouvel ordre, tous les établissements scolaires sont fermés. La continuité pédagogique, promulguée sans préparation ni réflexion ni consultation, ne se fait désormais que via les outils numériques. Cet enseignement à distance non préparé laisse automatiquement sur le bas-côté toutes celles et ceux qui n’ont pas accès aux outils numériques, et/ou que leurs parents ne sont pas en mesure d’encadrer : les enfants issuEs des quartiers. La continuité pédagogique telle qu’elle est menée actuellement ébranle donc un droit fondamental, le droit à l’éducation.
Au niveau sécuritaire, la mise en place de l’état d’urgence sanitaire ne doit pas entraîner de nouvelles violences en direction des habitant.e.s des quartiers populaires. Dans le cadre du confinement, des cas d’abus d’autorité et de violences policières ont déjà été relayés par les associations dans nos quartiers. Ce confinement ne peut en aucun cas légitimer des comportements inacceptables de la part de nos forces de l’ordre dont la tâche est pourtant si importante dans ces heures difficiles.
Quelle sortie de crise ? Nos mesures ?
Droit à l’alimentation :
Ø Pour faire face à la crise, mise en place de tickets alimentaires pour toutes les familles en difficulté.
Accès à la formation et à la connaissance :
Ø Mise en place d’aides à destination des familles les plus précaires pour l’achat d’outils numériques ;
Ø Mise en place de formations aux outils numériques dans les quartiers ;
Ø Formation des professeurs ainsi que des élèves et de leurs familles aux outils d’enseignement à distance ;
Ø Mise en place d’une plateforme nationale d’aide au devoir qui connecte les jeunes et les associations.
Dignité du logement :
Ø Durant la crise sanitaire, les autorités (maire, préfet) doivent, sur demande ou signalisation, examiner le cas de ces personnes en détresse et statuer sur le caractère intolérable de leur confinement. Ils doivent concrétiser dans des délais très courts (72h max par ex.) le droit à un logement digne, par les moyens que sont la mobilisation des solidarités d’une part (prêts de logements publics, appel à la solidarité des propriétaires privés) et d’autre part la réquisition de logements vides afin d’héberger les personnes en détresse (ou personnes violentes éloignées de leurs victimes) ;
Ø A l’avenir, le droit au Logement digne devrait être assuré de manière absolue.
Parmi les mesures que nous pourrions proposer :
1. L’État doit recenser chaque logement non occupé dans la perspective de sa réquisition pour un impératif social. En cas de crise similaire à celle du covid19, la réquisition doit pouvoir se décider et se mettre en place très rapidement ;
2. L’État doit mobiliser des moyens pour créer des logements dignes en grand nombre, soit des constructions soit des rénovations (avec rénovation thermique), et s’assurer que ces logements ne peuvent pas faire l’objet de spéculation.