Communiqué du groupe local Versailles Grand Parc
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Le groupe local Les Écologistes de Versailles Grand Parc exprime son effarement face aux crimes commis contre la population de Gaza et de Cisjordanie.
Le 26 janvier 2024, sur le fondement de la définition du crime de génocide fixée par la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de 1948, la Cour internationale de justice (qui statue sur les responsabilités d’États) ordonnait à l’État d’Israël de mettre « immédiatement » fin à ses opérations militaires, reconnues comme constituant un « manquement à son obligation de prévention du crime de génocide » : soit d’arrêter « meurtres, déplacements forcés, atteinte à l’intégrité physique ou mentale, entrave aux naissances, destruction de la vie palestinienne à Gaza ».
Le gouvernement israélien n’en a cure. Des membres du gouvernement et du parlement israéliens multiplient aujourd’hui les déclarations publiques exprimant une intention génocidaire (1), appelant à raser Gaza et à n’épargner ni enfants ni adultes. 
Le 21 novembre 2024 la Cour pénale internationale (qui statue sur les responsabilités d’individus) délivrait un mandat d’arrêt contre Benjamin Netanhayou et contre son ministre Yoav Gallant pour « crimes de guerre consistant à affamer délibérément des civils comme méthode de guerre et à diriger intentionnellement une attaque contre la population civile ; et des crimes contre l’humanité de meurtres, de persécutions et d’autres actes inhumains ».
Le 3 avril 2025, le premier ministre hongrois, Victor Orban, recevait Benjamin Netanhayou, au lieu de le faire arrêter sur son sol en exécution de ce mandat d’arrêt.
Mais le droit international se fonde sur des principes clairs qui valent pour tous les êtres humains, qu’ils violent le droit ou qu’ils se voient dénier la qualité d’êtres humains.
Les Palestiniens et Palestiniennes, encore vivant.es ou déjà tué.es, à travers la bouche de leurs poètes, de leurs cinéastes, de leurs journalistes, de leurs chercheurs et chercheuses, crient une même chose : « nous sommes des êtres humains »(2).
Depuis le 2 mars 2025, au mépris des annonces faites, les bombardements et destructions ont repris et l’entrée de l’aide alimentaire a été bloquée puis abjectement instrumentalisée, avec pour résultat des morts par balles parmi les affamés(3). La majeure partie des infrastructures de Gaza a été rasée et les monceaux de ruines et de béton attendent les bulldozers qui s’approprieront la terre. Les hôpitaux publics de Gaza ont été détruits, comme « les maternités, les écoles, les lieux de prière et de loisir, les lieux d’histoire », tout ce qui fait « le cadre de l’avenir »(4). Des soignant-es ont péri sous les bombes, ainsi que tant de journalistes palestinien.nes, sachant que Gaza est interdite d’accès à la presse internationale(5). « On voit des gens manger de l’herbe » dit une humanitaire de Médecins sans frontières(6). La population est épuisée. Elle manque de tout. Les visages terrorisés des enfants affamés sont le reflet de l’infamie en cours et appellent notre parole. Les familles sont décimées. Les corps déchiquetés. Il arrive que l’on retrouve une main qui porte un gant de soignant. Gaza est un charnier qui a une odeur inimaginable de mort. Les maladies menacent et tuent. Pourra-t-on se représenter toute cette détresse ? A ce jour, autour de 54 000 morts et 120 000 blessés à Gaza, selon des chiffres corroborés par l’ONU. Sans compter la destruction de la vie animale et végétale et le futuricide en cours(7).
Une partie de la société civile israélienne qui réclame le retour des otages du 7 octobre, exigence dont nous sommes puissamment solidaires, déplore avec force la mise au second plan de cet objectif par le gouvernement Netanhayou. Ce gouvernement, reprenant le fanatisme des messianiques religieux, parle désormais sans vergogne de plan de « conquête » à Gaza comme en Cisjordanie. Cette dernière est rebaptisée Judée et Samarie par les colons extrémistes et par Netanhayou lui-même afin d’y nier la présence séculaire de Palestinien-nes. Les violences, meurtres et dépossessions, commis par des colons israéliens envers les Palestinien-nes s’y accroissent, avec des appels à en faire un deuxième Gaza(8). Le gouvernement israélien annonce la construction de vingt-deux nouvelles colonies en Cisjordanie.
Au mépris du sens des mots et de la mémoire tragique de la Shoah(9), à rebours de la lutte absolument nécessaire contre l’antisémitisme, lequel continue de tuer, Benjamin Netanhayou qualifie d’« antisémite » toute personne qui ose condamner ce carnage ou, en Israël même, critiquer sa politique de « défense ».
Conscient-es que l’histoire du conflit israëlo-palestinien est complexe, douloureuse et traumatique de part et d’autre des haines, de la terreur et de la guerre, de l’injustice et des idéologies fanatiques, nous pourrions considérer que cette histoire si complexe n’attend rien de notre parole ou que nous ne sommes pas légitimes pour en parler.
Mais dans un monde dévasté par les guerres et au-devant d’enjeux climatiques majeurs, la solidarité entre les peuples, entre les civils du monde entier a un sens.
Elle passe d’abord par l’expression publique de notre peine.
Notre peine pour les civils palestinien-nes bombardé-es, tué-es, mutilé-es, affamé-es, humilié-es aussi, et livré-es à des conditions de subsistance et de deuil qui sont absolument inhumaines, et ce dans des proportions qui ne cessent de s’étendre ; comme elle passe par l’expression de notre peine pour les otages encore retenu.es par le Hamas, pour les otages libéré.es mais choqué.es à vie, pour leurs familles dévastées, et pour toutes les familles israéliennes qui ne retrouveront pas les personnes qui leur ont été arrachées ; qui peineront également à retrouver, pour certain-es d’entre eux, les idéaux de paix qu’ils ou elles nourrissaient.
Contre tous ceux qui ont intérêt au chaos, notre solidarité passe par notre condamnation des atrocités terroristes commises le 7 octobre 2023 par le Hamas, que jamais aucune cause ne justifiera ; et par notre condamnation ferme et totale de ce qui, de la part d’Israël, ne peut plus être considéré comme de l’auto-défense mais s’avère être une agression systématique, sans limite et sans honte, dont l’histoire retiendra l’injustice abyssale, l’insupportable cruauté mais aussi la tragique impasse. Ceux qui s’enferrent dans la justification au mieux s’aveuglent. Notre solidarité se manifeste enfin par notre soutien profond à la gauche israélienne qui se bat courageusement(10) contre ce gouvernement Netanhayou et le tournant idéologique d’extrême-droite qu’a dangereusement pris le pays.

Conformément aux valeurs des Écologistes, nous appelons le gouvernement et le Président français à confirmer leur intention de faire effectivement tout ce qui est en leur pouvoir, unis avec tous les gouvernements démocrates et attachés à l’État de droit pour peser, par un embargo sur la livraison d’armes et par l’arrêt de toute coopération militaire, dans le sens d’un cessez-le-feu durable, pour la libération des otages encore vivant-es, et pour rouvrir le chemin d’une solution politique à deux États.

La reconnaissance par la France de l’État de Palestine sera un jalon essentiel.

Références :

(1)Voir Sylvain Cypel, « Génocide, un débat qui hante la société », le Un hebdo, n°547, 28 mai 2025.

(2)Voir notamment Mosab Abu Toha, Ce que vous trouverez caché dans mon oreille, 2024.

(3)https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/05/a-gaza-le-delitement-annonce-de-la-fondation-humanitaire-ghf_6610647_3210.html

(4)Comme le souligne Jean Hatzfeld (auteur important sur l’histoire du génocide des Tutsi au Rwanda), Entretien au « Monde », 30 mai 2025.

(5)https://rsf.org/sites/default/files/medias/file/2025/06/Tribune%20Gaza%20presse%20-%20FR_1.pdf

(6)Amande Bazerolle, le Un hebdo, n°547, 28 mai 2025.

(7)https://www.lemonde.fr/international/article/2025/05/24/a-gaza-le-futur-oblitere_6608182_3210.html. Concept employé par la chercheuse au CNRS Stéphanie Latte Abdallah.

(8)https://news.un.org/fr/story/2025/05/1155941;

(9)Voir la tribune de Georges Didi-Huberman, Le Monde, 3 juin 2025.

(10)Voir la prise de parole à Tel-Aviv de la philosophe Avital Davidovitch-Eshed, Le Monde, 30 mai 2025. https://www.lemonde.fr/international/article/2025/05/30/en-israel-des-universitaires-tetanises-face-a-la-guerre-et-a-l-extreme-droite-nous-liberaux-sommes-dans-une-impasse_6609261_3210.html