Afghanistan : le devoir d’agir
Cette motion a été votée à l’unanimité par le « parlement » d’EELV
Le 15 août 2021, les talibans ont repris le pouvoir à Kaboul, au terme de vingt ans d’intervention militaire de la Coalition conduite principalement par les États-Unis et leurs allié·e·s européen·ne·s. Le contrôle par les talibans d’une grande partie du territoire de l’Afghanistan depuis plus de dix ans est dû à l’incapacité des occidentaux·ales ( dont la France), victimes de leurs préjugés méprisants à l’égard des populations comme de leur ignorance du terrain et de l’Histoire du pays, à favoriser l’établissement d’un état de droit. En privilégiant des solutions militaires brutales et sans avenir, en négligeant la corruption endémique des élites de ce pays, faisant préférer le système de règlement des conflits talibans à l’injustice du gouvernement officiel, ils ont perdu tout soutien. S’ajoutent le réchauffement climatique et la sécheresse ruinant les récoltes et aggravant la misère des campagnes créée par des décennies de guerre, ou les soupçons que les populations pouvaient avoir quant aux objectifs de cette intervention étant donnée la présence sur leur sol de ressources convoitées, tels le cuivre et le lithium. Ainsi, la décision américaine de se retirer d’Afghanistan coûte que coûte, a conduit aux désastres humains que nous observons depuis plusieurs jours. D’une part, les attaques talibanes et Daesh (Eik) des derniers mois contre des écoles de filles, d’autre part l’annonce par Joe Biden du retrait des troupes états-uniennes rendaient la situation afghane plus qu’anticipable mais c’est le choix d’une gestion de crise dans l’urgence qui a été fait.
L’effondrement de l’armée et du gouvernement afghans était prévisible et le retour au pouvoir des talibans laisse craindre des persécutions, en particulier pour les ancien·ne·s auxiliaires d’armée, les femmes, les LGBTQIA et de nombreuses minorités ethniques. Femmes fouettées sur la place publique, mariées de force ou contraintes d’abandonner leurs enfants dans le chaos de l’aéroport de Kaboul, homosexuel.les assassiné.es pour l’exemple, cette dramatique régression des droits humains pour le peuple afghan doit alerter sur l’urgence de protéger une population en détresse.
Pour autant, si la situation ressemble à celle d’avant l’intervention, l’Afghanistan d’aujourd’hui n’est pas celui d’il y a vingt ans. Début septembre, des dizaines de femmes descendaient dans les rues de Kaboul ou d’Hérat pour revendiquer leur droit à travailler, exiger la participation de femmes au nouvel exécutif, défiant ainsi les Talibans. Une nouvelle génération afghane s’est levée et refuse ce retour en arrière.