La promesse intenable et non tenue de JO populaires et écolo
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En 2017, Paris est désignée hôte des JO 2024. Elle promet des jeux écolos et une grande fête populaire, célébrant l’idéal olympique de paix. Des emplois et des logements, une grande cérémonie d’ouverture dans l’espace public, des transports nombreux et gratuits, très peu d’équipements non-réversibles, et même une neutralité carbone. On découvre que cette promesse initiale a du plomb dans l’aile.

2017 :

Alors que la Ville de Paris est dirigée par la gauche socialiste alliée aux écologistes depuis plus de 15 ans, la promesse de jeux « sobres » et d’une immense fête populaire est bien le minimum pour donner du sens aux Jeux Olympiques. En effet, cet événement gigantesque a plutôt la réputation de ruiner les villes hôtes et de laisser en héritage un bilan carbone désastreux et une publicité touristique planétaire pour un tourisme de masse dont Paris n’a pas particulièrement besoin.

Donc la promesse, c’était une grande rénovation urbaine pour la Seine-Saint-Denis, des emplois et logements, une grande cérémonie d’ouverture dans l’espace public, des transports nombreux et gratuits, très peu de constructions de stades et autres équipements qui ne servent qu’aux Jeux, et même une neutralité carbone.

2024 :

La promesse semble caduque. On récapitule.

Populaire ?

Avec des billets à 500 € pour voir les compétitions, on est loin d’avoir des jeux populaires. Quant à la question du logement, on en est plutôt à battre des records de prix. Au point que bon nombre de propriétaires ont fait le calcul : mieux vaut fuir et louer son logement à 500 € par nuit. Mais tout le monde n’a pas cette “chance” : les locataires, eux, n’auront pas cette opportunité. Et les étudiant·es logé·es au CROUS sont même prié·es de vider leur chambre ! Sans parler des profits de AirBnb, engendrés précisément là où ses méfaits ont vidé certains quartiers de leurs habitant·es. Alors que nombre de personnes dorment dans la rue et que la précarité augmente, les plus riches s’enrichiront. Et les plus pauvres, devront-ils attendre le ruissellement ?

Rénovation urbaine en Seine-Saint-Denis ?

La construction du village olympique s’est faite au pas de charge, des dizaines de milliers de mètres carrés ont surgi de terre. Mais avec quelles conséquences pour les habitant·es du 93 ? Les acquéreurs et acquéreuses des logements créés ne se pressent pas pour acheter. Il faut dire qu’à 7000 € du m² c’est inaccessible pour une personne au SMIC et même au-dessus. 

Emplois ?

La plupart des emplois créés ont été ceux du BTP ou dans la sécurité, donc par essence des emplois temporaires et dans certains cas, occupés par des personnes sans-papiers particulièrement vulnérables. Le comité d’organisation fait appel aux bénévoles pour l’encadrement et l’organisation de ces jeux. Mais on ne peut associer le bénévolat à de l’emploi ! Et ce même si certains profiteront de l’expérience et de la formation. Au final, les JO ne créeront que très peu d’emplois durables.

Des transports pour tous et toutes ?

Pendant la période des JO, le prix du ticket de métro sera doublé, bien loin de la promesse initiale de transports gratuits pour les visiteurs. En termes de développement de l’offre de transports, nous aurons droit à une extension de la ligne 14 du métro et du RER E (projets qui auraient vu le jour sans les JO), et des fréquences égales à celles durant l’année, soit une saturation vécue quotidiennement par les Franciliens. Pas plus de RER B ou D que d’habitude, pas plus de fiabilité non plus, alors qu’il faudra vider un stade de France plusieurs fois par jour. Par conséquent, les Franciliens contraints de rester à Paris sont priés par le Préfet de télétravailler ou d’éviter les déplacements, pour laisser la place aux milliers de visiteurs. Un petit air de confinement olympique.

Impact environnemental zéro ?

En dehors de la bétonisation, on ne peut que déplorer la destruction des jardins ouvriers d’Aubervilliers, la gabegie de la piscine de Taverny, les dégâts causés à Tahiti sur les coraux, le délire des taxis-volants… En outre, plus largement, les JO génèrent un déluge publicitaire peu compatible avec l’écologie : sponsors de la malbouffe et du plastique, surconsommation, dégradation des paysages urbains. Et enfin, les très grands événements internationaux ne fonctionnent qu’avec un trafic aérien intense, peu compatible avec nos engagements climatiques. La pollution de l’air sera, elle, toujours présente car les restrictions de circulation seront trop minimes pour avoir un impact.

Idéal de paix olympique ?

La participation entre autres de la Russie, de la Biélorussie, montrent qu’on peut bombarder les populations civiles sans être trop privé de jeux. Et les besoins de surveillance et de sécurité vont imposer des restrictions des libertés individuelles sans précédent. Reconnaissance faciale, QR Code, vidéo-surveillance partout, les innovations se multiplieront dans une ambiance de contrôle permanent de la population et de la rue.

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