
par Charlotte Nenner, Conseillère Régionale EELV IDF
Je reviens sur les décisions prises par le gouvernement Borne et la région dirigée par Valérie Pécresse, ces 3 derniers mois, qui concernent les transports et la mobilité en Ile de France, et qu’on risque de payer cher, que ce soit d’un point de vue environnemental ou social.
En mai dernier, V. Pecresse et C. Beaune se sont entendus sur un calendrier de mise en concurrence des bus parisiens. Au départ prévu comme un simple report, histoire de ne pas troubler les JO, c’est en fait une confirmation de la décision de privatisation des transports publics en petite couronne. D’une régie historique, la RATP, conçue pour fonctionner sur un territoire homogène, on va passer à 12 lots pour les bus parisiens et autant de marchés pour les entreprises privées. Aux problèmes d’organisation et de coordination, va s’ajouter une dette importante pour IDF Mobilités (4 à 5 milliards pour racheter les bus et les centres bus), sans parler des leçons non tirées des expériences de privatisation que ce soit en Angleterre ou en Grande couronne.
Le 12 juillet, la droite régionale a présenté un projet de révision du SDRIF, le Schéma Directeur de l’Ile de France, c’est- à-dire le document chapeau d’aménagement du territoire. Hélas, le volet mobilité de ce schéma loupe tous les enjeux. Malgré de bonnes intentions, aucun rééquilibrage n’est concrètement planifié entre l’Est et l’Ouest, le polycentrisme n’est que théorique et la ville du ¼ d’heure n’est qu’un vague concept. Les projets de transports se concentrent encore sur les extensions de métro en radiale, renforçant une fois de plus l’hyper centralité de Paris. Les aménagements cyclables se contentent du réseau principal. Bref, aucune stratégie n’est développée pour réduire vraiment les distances parcourues et offrir de vraies alternatives à la voiture individuelle.
En juillet encore, le gouvernement a décidé de revoir le calendrier et le contour des ZFE – Zones à Faibles Émissions. Suivi par la majorité de droite à la Métropole du Grand Paris, le calendrier de la ZFE a été encore une fois reporté. Sans contrôle effectif, sans calendrier clair, sans accompagnement suffisant, la ZFE du Grand Paris est bien mal en point et en est encore au stade de la théorie, 8 ans après sa création. Pourtant des associations, dont Respire, viennent de publier une étude démontrant qu’on peut vraiment rendre les ZFE justes et efficaces. D’ailleurs, dans beaucoup de métropoles européennes, la réduction de la circulation en ville par des dispositifs équivalents a montré son efficacité. A ce rythme, les actions contre la pollution de l’air se réduisent à peau de chagrin, car la droite n’a aucun plan B.
Enfin, en juillet encore, le ministre des transports, C. Beaune, a esquissé un plan de financement des transports en Île de France pour 2024, et pour les années suivantes. En effet, avec l’arrivée des nouvelles lignes, les effets de l’inflation et l’offre spéciale JO, il manque environ 800 M€ au budget de fonctionnement pour l’année prochaine. Hélas, ce plan ne prévoit qu’une hausse minime du Versement Mobilité, et très peu de nouveaux financements. Résultat : le passe Navigo va forcément augmenter, passant probablement la barre des 90 € mensuels, quelques mois après la hausse historique de 12% de janvier 2023. Encore une fois les efforts sont demandés aux usagers et non aux entreprises.
Ces 4 décisions dessinent hélas un récit politique inquiétant : la dépendance à la voiture, la lutte contre la pollution de l’air et le climat ne sont des priorités, ni pour le gouvernement de Mme Borne, ni pour la région de Mme Pécresse, ni pour la métropole du Grand Paris. Le clan conservateur est donc à la manœuvre pour maintenir la voiture comme solution de déplacements et pour affaiblir le service public des transports en commun.
Les écologistes ont pourtant un projet bien différent. Un projet de financement pérenne des transports en commun, qui se base en bonne partie sur le principe du pollueur-payeur, qui permet de geler le prix du Passe Navigo et d’élargir les tarifs sociaux (1). Un projet qui rend les ZFE efficaces et justes, notamment par des aides plus ciblées pour les plus défavorisés et sur le marché de l’occasion et qui s’accompagne d’une vraie réduction de la place de la voiture en ville (2). Un projet qui renforce le service public des transports en commun en réaffirmant la nécessité d’une régie bus régionale (3). Un projet d’aménagement du territoire qui permet de sortir de la dépendance automobile (4).
références
- https://poleecolo-idf.fr/actualites/financement-des-transports-propositions-les-ecologistes/
- https://idf.eelv.fr/reussir-la-zfe-du-grand-paris/ et https://wiki.lafabriquedesmobilites.fr/wiki/Pour_des_ZFE-m_saines_et_justes_-_Anticiper_la_transition_des_mobilit%C3%A9s
- https://poleecolo-idf.fr/actualites/communiques-de-presse/privatisation-des-bus-de-la-ratp-que-la-droite-et-la-macronie-assument-leur-mefait/
- https://poleecolo-idf.fr/actualites/sdrife/