Tribune publiée dans le Nouvel Observateur
Le député écologiste, arrivé en France à l’âge de 16 ans, témoigne de la violence que représente pour un Français d’origine étrangère la poussée électorale du RN.
« Après une longue soirée électorale et une nuit blanche, je me suis réveillé avec des larmes aux joues et un immense sentiment de trahison.
J’ai rejoint la France à 16 ans, fuyant les prisons du régime marocain autoritaire d’Hassan II. J’ai aimé ce pays, je l’ai estimé, je l’ai respecté.
Très jeune, je me suis reconnu dans ses principes et ses valeurs. J’ai chéri sa devise, si simple et si puissante : liberté, égalité, fraternité. Je fais de la politique depuis plus de trente ans et en m’engageant, j’ai voulu servir “mon” pays et, à travers lui, un idéal humaniste de progrès et de justice.
Au lendemain de ce premier tour sidérant, je crois me réveiller avec dix millions de Français qui me susurrent à l’oreille : “dégage l’Arabe, tu ne seras jamais chez toi ici”. Mes mains tremblent en écrivant ces lignes, et pour être tout à fait honnête, j’ai envie de tout planter, de quitter ce pays, de leur dire : vous avez gagné.
