Tribune publiée dans Libération le 10 septembre 2024
Le nouveau Schéma Directeur de la Région Île-de-France Environnemental (SDRIF-E), qui sera voté en séance du Conseil Régional mercredi 11 septembre prochain, va définir l’aménagement de la Région à horizon 2040. Offre de logement, infrastructures de transports, développement économique, préservation de l’environnement : toutes les communes devront en suivre les orientations. Elu·es écologistes francilien·nes, nous nous alarmons de ce projet que portent Valérie Pécresse et la droite très éloigné des enjeux climatiques et déconnecté des aspirations des Francilien·nes et de leurs réels besoins du quotidien. C’est pourquoi nous allons défendre une soixantaine de propositions d’amendements pour l’améliorer. Toutefois, la droite régionale dispose d’une majorité absolue de 122 élu·es sur 208 et a donc les mains libres pour adopter sa propre version de ce projet, insuffisamment ambitieuse tant sur plan environnemental que social, contre laquelle nous voterons si nos propositions ne sont pas retenues.
Notre Région est championne des inégalités sociales et territoriales : les disparités d’accès aux services publics, à l’emploi, aux transports ou à la culture accentuent le fossé entre les plus modestes et les plus riches. Les difficultés quotidiennes des francilien·nes peuvent trouver leur réponse dans un développement écologique de notre territoire. Les responsables politiques doivent faire preuve d’ambition et de volontarisme face à ce défi sans précédent.
Or, Mme Pécresse multiplie les annonces médiatiques solitaires sur des méga-projets environnementalement désastreux. Comme la proposition d’artificialiser 50 hectares de terres naturelles sur l’île de loisirs de Saint-Quentin, pour le déménagement des infrastructures sportives du Paris-Saint-Germain et la construction d’espaces commerciaux. Il s’agit pourtant d’un lieu unique, qui offre un espace de respiration à des milliers d’yvelinois·es. Nous proposons d’abandonner tous les grands projets inutiles, afin de viser la fin de l’artificialisation des terres en 2050 et mettre un coup d’arrêt à la disparition des terres naturelles et agricoles. Développer et sacraliser les trames naturelles et agricoles préservera la biodiversité, la ressource en eau et protégera les terres agricoles nourricières, afin de garantir un environnement sain et l’autonomie alimentaire de la région Ile-de-France.
Une alimentation de qualité et de proximité est un enjeu majeur pour plus de justice sociale. Emblématique de cette pression exercée sur nos biens communs, le triangle de Gonesse, est la cible de toutes les convoitises. Plutôt que de réorienter ces fonds vers l’amélioration des transports du quotidien, la droite régionale s’entête à vouloir installer une gare en plein champ et, pour justifier cette gabegie, propose d’y implanter une cité scolaire. Cette vision ultra-libérale d’un développement de méga-pôles de compétitivité économique les pousse à conquérir aveuglément de nouveaux espaces pour construire routes et bâtiments toujours plus loin des villes constituées. C’est au contraire la démobilité qu’il faut favoriser pour enfin cesser de gaspiller le temps des francilien·nes dans les embouteillages, leur faire subir la pollution ou les contraindre à dépenser leur salaire à la pompe à essence.
Nous proposons d’installer les activités au cœur des bassins de vie existants pour rapprocher domicile et travail, en favorisant leur décarbonation, leur sobriété et leur ouverture démocratique sur le modèle de l’économie sociale et solidaire. Pour cela, il est impératif de renforcer le maillage des transports en commun du quotidien, réellement accessibles à tous·tes. Prévoir plus de trains, de métros, de tramway, de bus, développer un réseau cyclable structurant de qualité, offrirait des solutions efficaces contre la dépendance automobile. Avancer sur cet objectif permettrait dans le même temps de transformer toutes les autoroutes entrant dans le cœur de la région en boulevards urbains (vitesse maximum 50 km/h), à partir du franchissement de l’A86 jusqu’au périphérique, et ainsi apaiser nos villes et limiter la pollution de l’air.
Protéger la santé des francilien·nes face aux pollutions et aux effets du changement climatique doit être le fil conducteur de l’aménagement francilien à 2040. Les activités les plus polluantes doivent être remplacées par des aménagements au bénéfice de tous·tes. Nous proposons donc de ralentir le trafic aérien en gelant tout projet d’extension des aéroports franciliens et en transformant l’aéroport du Bourget, ne servant qu’à quelques privilégié·es, pour en faire un espace de nature. Limiter le trafic aérien c’est aussi protéger les riverain·es à proximité des aéroports qui sont impactés jour et nuit par les nuisances sonores et les pollutions atmosphériques.
Chaque francilien·ne doit pouvoir vivre décemment et en bonne santé partout en Ile-de-France. Pourtant, plus de 900 000 francilien·nes attendent un logement digne et sain. Le scandale du non-respect de la loi dans les villes de droite qui ne veulent pas accueillir de logements sociaux, doit cesser ! Nous proposons de prioriser la production de logement social et très social, dans le respect de la loi SRU pour permettre partout l’accès au logement pour tous⸱tes en limitant la spéculation foncière et immobilière en encadrant les loyers. La rénovation massive des logements existants et leur raccordement aux énergies renouvelables garantira des conditions dignes aux habitant·es et réduira leurs factures énergétiques. Aller vers une région 100% énergies renouvelables, en accélérant la sortie de l’usage des énergies fossiles et leur production par l’interdiction de toutes les exploitations pétrolières franciliennes, redonnera non seulement du pouvoir d’achat aux francilien·nes mais baissera aussi drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre.
Face à une vision passéiste et conservatrice de la droite régionale au détriment des intérêts de nos concitoyen·nes, il est impératif que la Région Ile-de-France change de majorité lors des prochaines élections de 2028 afin que notre territoire prenne un véritable virage écologique et social ! En cas de victoire en 2028, nous mettrons en oeuvre une alternative ambitieuse pour l’aménagement de notre territoire, une Île-de-France totalement écologique dans laquelle la sobriété, la démobilité, la résilience, l’inclusion, les choix vertueux de finances publiques et l’égalité seraient les clés pour sortir enfin de la politique des petits pas et se saisir pleinement de l’aménagement du territoire comme vecteur d’un changement profond de modèle.