
L’emballement médiatique autour des accusations visant Julien Bayou est un « moment réactionnaire » contre le féminisme, selon la politiste Vanessa Jérome.
Accusé de violences psychologiques envers son ancienne conjointe, Julien Bayou a quitté son poste de secrétaire national d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) le 26 septembre dernier. Depuis, pas une journée ne passe sans qu’un nouvel article soit publié sur le sujet. Et ceci, alors même que son ancienne compagne n’a pas encore souhaité s’exprimer publiquement. Vanessa Jérome, politiste et spécialiste du parti EELV, nous livre son analyse de cette séquence politique et médiatique.
Reporterre — Depuis la démission de Julien Bayou de son poste de secrétaire national des Verts, il ne se passe pas une journée sans qu’un nouvel article soit publié. Comment analysez-vous cet emballement politique et médiatique ?
Vanessa Jérome — Ce qui se passe aujourd’hui est un révélateur du fait que #MeToo, dont nous venons de fêter le cinquième anniversaire, n’a pas vraiment eu d’impact sur la réalité du monde politique, pour ne parler que de celui-ci. Certains hommes politiques ont été inquiétés, plus rarement condamnés ; des hommes qui ont d’ailleurs souvent été soutenus par le président Macron. En réalité, la fenêtre ouverte par #MeToo s’est très vite refermée. Nous vivons un moment de backlash féministe [1].
Certains veulent temporiser, si ce n’est défaire #MeToo, pendant que d’autres poussent pour désenliser une mobilisation dont on sent bien qu’elle n’a pas porté tous ses fruits. C’est sur cette toile de fond que s’inscrit une « affaire Bayou » qui a très vite polarisé les positions et surtout, ce qui est problématique, réduit les termes de la discussion à une sorte de « pour ou contre Sandrine Rousseau ».
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