La longue histoire des réunions non mixtes
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Alors que l’opposition à la tenue de réunions non mixtes atteint son paroxysme en France, une plongée dans le passé montre que le fait de se retrouver entre soi pour lutter a toujours fait partie du répertoire d’action des mouvements sociaux.

« – Qu’est-ce que vous pouvez vous dire qu’on peut pas entendre ? Je ne comprends pas !

– Des trucs de femmes !

– Mais on est comme des femmes nous ! »

Dans Le Péril jeune (1994), le réalisateur Cédric Klapish moquait ces héros masculins qui ne comprenaient pas d’être exclus d’une réunion politique réservée… aux femmes. Vingt-cinq ans après, les réunions non mixtes et les réactions passionnées qu’elles déchaînent ne font plus rire personne.

Après plusieurs jours de polémique autour des réunions de l’Unef réservées aux personnes discriminées (femmes, LGBT, racisé.e.s), le Sénat a adopté le 1er avril, dans le cadre de la discussion de la loi « séparatisme », un amendement autorisant la dissolution d’associations « qui interdisent à une personne ou un groupe de personnes à raison de leur couleur, leur origine ou leur appartenance ou non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée de participer à une réunion ».

Le sujet est si clivé qu’il est bien difficile de trouver des paroles nuancées et argumentées. Une plongée dans le passé montre pourtant que ces réunions entre soi ont une histoire longue, au sein de mouvements sociaux de différentes natures. Leur postulat commun, c’est que, lorsqu’on appartient à une minorité ou à un groupe social dominé, « partir de soi », se raconter à la première personne, devant des personnes concernées par les mêmes problématiques et sans le regard d’un « dominant » permet de libérer le discours sur les violences de tous ordres vécues.

Une histoire qui remonte au XIXe siècle

Les syndicats ouvriers en sont l’un des premiers exemples au XIXe siècle.

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