Nous, un groupe de 124 organisations de la société civile du Mozambique et du monde entier, vous écrivons pour vous demander instamment de vous retirer du projet gazier de TotalEnergies Mozambique LNG.
Deux ans et demi après que TotalEnergies a suspendu le projet Mozambique LNG pour « force majeure”, son PDG Patrick Pouyanné a annoncé en septembre dernier son objectif de redémarrer le projet d’ici la fin de l’année. Le gouvernement mozambicain a par ailleurs rencontré en octobre les agences de crédit à l’exportation qui ont soutenu Mozambique LNG, pour leur demander de réaffirmer leur soutien au projet d’ici la fin de l’année. En 2020, vos 28 institutions financières ont participé à l’accord de prêt et se sont engagées à fournir un total de 14,9 milliards de dollars au projet. En tant que partenaires financiers de TotalEnergies pour ce projet, les semaines et mois à venir seront déterminants : vous aurez à prendre position pour la poursuite ou l’arrêt de ce soutien. Cette décision représente une occasion cruciale pour vous de procéder à une réévaluation complète des risques posés par Mozambique LNG et, à la lumière de la situation dramatique sur le terrain et des impacts déjà irréversibles du projet, de retirer votre soutien.
Des violations continues des droits humains
Depuis le début du projet, les promoteurs de Mozambique LNG, d’abord Anadarko puis TotalEnergies, ont sous-estimé les risques humanitaires et sécuritaires, ainsi que la complexité des opérations dans une telle zone de conflit. La diligence raisonnable en matière de droits humains effectuée par TotalEnergies était incomplète et comportait des lacunes qui n’ont depuis pas été corrigées de manière adéquate. En conséquence, les risques contre lesquels nos organisations vous ont mis en garde se sont concrétisés en une réalité dramatique sur le terrain au cours des dernières années. Les failles et les insuffisances du processus de diligence raisonnable ont été identifiées, entre autres, dans une analyse menée par l’organisation néerlandaise indépendante d’experts en droits humains Uprights, ainsi que dans un rapport demandé par la Chambre des représentants des Pays-Bas.